Collection Zone Rouge. Prudence, LIroquoise. Début De La Saison Iii (7/9)
Nous avons accepté, de rester chez cette grande femme, Tatie Danielle, toute maigre de 70 ans.
Grande femme et grand-mère rentrant de Paris ou elle était chez ses s et petits-s depuis Pâques.
Rocco est étonné que jaille parler à cette femme qui fait son plein à la station dessence du supermarché où jai piqué des fringues.
Ces fringues ont servi à remplacer et à laver la tenue que javais récupérée à Paris dans le squat où Rocco ma pris mon pucelage.
Arrêt à Is-sur-Tille ou derrière ma vitre je constate quelle a une jumelle en tout point semblable, même taille, même maigreur.
Cest à Dijon que nous acceptons de passer la nuit, pour la première fois pour moi dans une maison en dur.
Entrez, enlevez vos chaussures, vous savez, je suis une vieille femme un peu maniaque et mon passe-temps, cest de briquer.
Je suis partie en fin de matinée avec mes baskets et mon short, le temps le permettant.
Mes chaussures de marche sont attachées à larrière de mon sac à dos où jai rangé ma tenue militaire américaine.
Le chien, voici une serviette.
Laissez Tatie, il va rester à lextérieur sur ce paillasson, il sera très calme.
Et mes voisines feront des attaques en le voyant.
Faite lui ses pattes et vous le mettrez dans la cuisine à droite.
Je le descendrai tout à lheure avant de dormir.
Tatie nous fait entrer dans sa salle à manger salon.
Cest petit ici, jai deux pièces, ça me suffit.
On va sarranger, vous savez lorsque lon fait la route, on se contente de ce que lon a.
Il y a longtemps que vous faites la route !
Moi, plus de deux ans, un conflit familial.
Et moi, il y a neuf mois, certaines font des bébés pendant un tel temps, moi cest lamour que jai découvert avec Rocco.
Vous vous appelez réellement Rocco jeune homme, vos parents ont été influencés par les films de cet acteur italien des années 80 !
Vous connaissez Rocco !
Jeune homme, jai eu une vie un peu mouvementée lorsque jétais jeune et je pourrais bien vous surprendre.
Cest drôle la vie, cette grand-mère, cest un peu comme mes parents, en façade, cest lhonorabilité et par-derrière cest une tout autre histoire.
Alice, notre bonne en sait quelque chose.
Jaide Tatie à mettre le couvert et à préparer une omelette.
Ce sont des ufs de ma sur, elle a deux poules dans son petit jardin derrière sa maison, elle finit par en avoir de trop une poule pond un uf par jour.
Comme javais décidé de vous garder à diner et à dormir, je lui en ai pris deux boîtes de douze.
Ce soir omelette et demain matin deux ufs à la coque.
Nous dinons, cétait la première fois que je cassais des ufs, à part un petit morceau de coquille, je men sors plutôt bien.
Il est 18 heures 55, vous permettez, je regarde les informations, je regarde toujours les informations.
Nous laissons faire cette vieille dame, pourquoi changer ses habitudes.
« Météo, demain, passage nuageux sur lest de la France. »
« Disparition de la petite Prudence, la fille du banquier parisien.
Ce qui au début a semblé être un enlèvement, savère être une simple fugue.
Nous vous remontrons la photo de la jeune fille, par acquis de conscience, voici sa photo.
Si vous la croisez, appeler ce numéro, nous transmettrons. »
Cest drôle, je connais le nom de ton copain, jignore le tien !
Heureusement, que tu mas dit quil y avait neuf mois que tu faisais la route, à part tes cheveux, on aurait dit ta jumelle.
Réfléchir vite, par chance, la photo quils ont montrée, elle a deux ans à mon entrée en seconde.
Cest celle sur ma carte détudiante, il en restait deux dans ma table de nuit.
Cest drôle ici, il y a des photos partout, chez nous aucune, au plus loin de mes souvenirs, avoir posé avec mes parents mest inconnu.
Même pendant nos vacances.
Mes amies mappellent lIroquoise à cause de ma coupe de cheveux, je suis fille unique.
Dites, moi, cest bien de la banque près de Beaubourg quils ont parlé, cest la banque ou mon fils travaille, ils habitent à deux pas.
Jallais faire jouer mes petits-s, sur la place, jadore les artistes de rues, un reste de ma jeunesse.
Un peu de panique, Tatie nous a-t-elle vus lorsque je chantais et va-t-elle faire le rapprochement, il faut que je brouille les pistes.
Et que fait votre fils dans cette banque ?
Il est au service des prêts.
À ce sujet, il ma expliqué lautre soir, comment marche le système de prêt en France.
Il reçoit une demande de prêt, en ce moment cest du 2%.
Il le refuse à ces personnes par manque de revenu ou de garanties.
Dans le même temps, sous couvert de les aider, il leur suggère de sadresser à un organisme de prêt à des taux de 16 ou 18 % biens moins regardants.
Le client le fait par nécessité, sans savoir que cette banque providentielle est dans le même groupe que celle qui aurait pu prêter à 2 %.
Mon fils ma dit, quil suivait ce client qui finissait par senfoncer.
Cest là quil sort de son chapeau un prêt à 6 % à long terme rachetant deux ou trois de ces crédits.
La banque et le fumier dont la jeune fille sest tirée sont gagnants sur toute la ligne.
Des fumiers, faites lamour non la guerre.
Tatie vient de résumer pourquoi liroquoise a quitté ce monde de pourris.
Je vais faire pisser Brutus et fumer une clope.
Laisse-men une, jirai la fumer sur le balcon.
Je sais que Rocco a été aux provisions et quil est généreux quand il en a.
Rocco descend, je sors, Tatie range sa cuisine, cest vrai quelle est méticuleuse.
Je la vois frotter avant de me rejoindre.
Quest-ce que tu fumes, ça sent bon, tu me fais tirer une taffe.
Tatie, vous fumez !
Jai beaucoup fumé dans ma jeunesse, mais mon mari étant mort dun cancer à 45 ans, jai tout arrêté.
Putain, cest fort, cest...
Du, cannabis, un joint de cannabis.
Aux USA, quand jétais jeune, je prenais une drogue synthétique à la mode à San Francisco du LSD.
Merde, Tatie est accro, jai du mal à lui enlever le mégot de mon joint.
Je regarde par-dessus le balcon, Rocco est assis sur les marches de limmeuble, il est avec dautres mecs, il fume et bois une bière.
Ce sont les gars qui ont dû les apporter.
Tu es allée aux USA quand tu étais jeune ?
Pardons, vous, Tatie.
Tu peux me dire tu, si je tai fait monter à Troyes à la station dessence, cest parce que je suis un peu comme toi, jai fait la route, mais en moto aux États-Unis dans les années 70.
Rentrons, ton joint ma donné chaud, je vais te montrer mon album photo, tu me remets des souvenirs en tête.
Elle va dans un placard en sort un gros album.
Est-ce le fait que chez nous, ma famille était plus enclin à faire du fric quà prendre des photos.
Ce que Tatie a expliqué tout à lheure, même si jignorais que je vivais sur le dos de gens simples, me confirme que jai bien fait de me casser.
À part celui que je leur ai piqué, depuis notre départ je me rends compte, que le fric, cest loin dêtre important.
On peut vivre de peu.
Je suis parti de France, pour faciliter lusage de langlais avec une copine à New York.
Javais rencontré un garçon que je devais rejoindre.
Ça avait été le premier celui qui vous reste à jamais dans votre tête, mais une fois arrivé nous avons constaté avec ma copine quil était marié et avait un fils.
Jai décidé de partir en stop à laventure tant que javais de quoi survivre.
Jai rencontré John, motard qui allait à San Francisco pour trouver du travail.
Cest sur sa moto et dans des chambres que nous faisions lamour.
Cest pourquoi tu as dit « faite la paix non la guerre » pendant le repas ?
Ça cétait à Frisco, jai vite su que John arrivait du Vietnam où il avait combattu, cétait le slogan de lépoque.
Il avait été blessé, il avait une énorme cicatrice à lépaule.
Là, il ma largué, cétait un coureur et je me suis retrouvé seule à Ashbury.
« Peace and love, Paix et amour, cétait notre slogan »
Paix, je lai trouvée dans le sexe et lamour, un peu moins même si nous baisions sans retenue les uns avec les autres.
Tu en as eu beaucoup !
Compter, impossible, je peux te faire un prix de gros 100 à 150, tu sais on se défonçait et quand un mec voulait de nous, on devenait de vrais salope.
Incroyable, cette vieille femme pouvant être ma grand-mère se confie comme si elle revivait ces années de sa jeunesse.
Est-ce leffet de la fumette, mais elle est intarissable.
Il y avait un an que je vivais là-bas quand cet album commence.
Un bateau Français est venu en représentation et les jeunes marins sont venus nous voir.
Regarde, un pépé nous a pris devant un tram sur une côte de la ville que je lui fais découvrir ça me plaisais de reparler Français.
Cest toi, à ses côtés, avec son chapeau à pompon rouge !
Oui, il sappelait Christian, il avait 19 ans, il était mécanicien sur un bateau avec un drôle de nom.
Nous avons vécu cinq folles journées et nuits avant quil reprenne la mer me laissant en larmes, jétais inconsolable sur le quai, regarde son bateau séloigner.
Je peux dire que ce fut le seul béguin de ma vie...
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